Se relever après une épreuve

On parle ici de résilience, de notre capacité à nous reconstruire après un traumatisme. Qu'on le réalise ou pas, généralement pas dans l'immédiat, tout accident de vie (deuil, dépression, burn-out, découverte d'un secret de famille...) est un accélérateur de prise de conscience, une opportunité pour changer la direction de nos vies, pour aller à l'essentiel. " Combien de nos labeurs ne sont en fait que des divertissements qui nous empêchent de nous regarder en vérité?"

Quelque soit l'épreuve que l'on rencontre, elle permettra, à terme, une reconnexion profonde, viscérale à qui nous sommes et à ce que nous voulons faire de notre vie. " Savoir et croire que l'épreuve sera porteuse de fruits à un niveau qui nous échappe. Croire qu'elle est une manière d'avancer sur notre chemin d'évolution. Croire que c'est une mort au terme de laquelle se présentera une résurrection" nous dit Alain-Joseph Setton.

Quiconque est déjà passé par une épreuve douloureuse voire insurmontable au premier abord, le sait, on s'en sort, on en sort plus fort. Mais cela ne se fait pas d'un coup de baguette magique, ni en mettant la poussière sous le tapis et en passant, vite fait, à autre chose (j'ai essayé, ça ne marche pas !). La douleur de l'âme blessée a besoin d'être exprimée, d'être prise en compte, d'être entendue par nous, qui, faisons souvent la sourde oreille. Sourde oreille qui, dans un premier temps, est un mécanisme de défense nécessaire pour ne pas s'écrouler. Le risque étant de rester, une bonne partie de sa vie, coupé de ses émotions et de ses ressentis. Mauvaise nouvelle, ça, non plus, ne fonctionne pas. Un jour ou l'autre la pression de la cocotte minute (votre âme blessée) sera trop forte et devra être évacuée. L'âme durablement blessée est un obstacle à s'aimer et à aimer l'autre. Et comme l'Univers est joueur, si la prise de conscience n'a pas été faite lors du premier traumatisme, il est fort probable qu'une autre épreuve se présentera à nous pour, cette fois, enclencher un vrai processus de guérison. Le risque étant que se répètent encore et encore les mêmes schémas ou que l'on attire les mêmes situations en boucle.

Le risque majeur est de s'installer dans le rôle de victime, parfois, toute sa vie, de geindre et de s'apitoyer sur son sort. Bonne nouvelle, vous êtes à la fois votre propre poison et votre propre antidote ou si préférez vous avez le choix de jouer le rôle que vous voulez, pour vous, alors vous choisissez quoi? La victime ou le sauveur?

Je ne minimise aucunement la douleur inhérente à tout traumatisme mais cela doit rester un état passager et en aucun cas, devenir votre nouvel état d'Être. Tout en sachant qu'un traumatisme non intégré aura des répercussions sur de nombreux domaines de votre vie qui, en apparence, n'ont aucun lien entre eux. Ainsi un traumatisme accepté et conscientisé pourra débloquer et solutionner certains de nos schémas de pensée et de fonctionnement répétitifs et néfastes pour nous et notre entourage.

Alors comment, concrètement, se relever après une épreuve?

Premièrement, le temps sera votre plus grand allié. La violence du choc et la souffrance associée nécessiteront un long processus d'acceptation, de conscientisation et, enfin, de reconstruction. Il n'y a pas de durée précise, cela dépendra de chacun, de son propre rythme. Le but étant, quand même, de ne pas rester bloqué toute sa vie dans un deuil, une dépression... Ce sont des épreuves "passagères", qui doivent le rester. Il est, bien sûr, évident qu'après un deuil, le manque de l'être cher ne pourra jamais disparaître mais nous ne pouvons pas éternellement vivre dans le passé et dans les regrets. Cela ne signifie pas que nous les oublions, au contraire, continuons d'honorer nos âmes défuntes en continuant à vivre, c'est ce qu'ils souhaitent pour nous.

Il en est de même pour la dépression. On peut avoir des tendances dépressives (ce qui est mon cas) et avoir à subir une ou plusieurs dépressions un jour ou l'autre. Je crois que l'on ne peut pas grand chose contre une vraie dépression qui s'installe. Le corps et l'âme nous disent STOP!!! Et là, quoi qu'on veuille il va falloir s'arrêter un moment, mettre notre vie sur pause. De toute façon, on n'a pas l'énergie pour faire autre chose. Tout est difficile. les choses les plus élémentaires nous demandent un effort considérable.

La vie est faite de cycles, on ne peut pas être constamment au sommet de la vague, parfois, il faudra accepter de passer par le creux de la vague pour, après, remonter à la surface. Et c'est précisément durant ces phases qu'un accompagnement thérapeutique peut être opportun.

Une dépression (ou un burn-out) n'arrive jamais par hasard sur notre chemin. Notre âme nous envoie un message fort, elle sent et sait que nous nous égarons, que notre vie n'est plus alignée avec notre Être. Il faut un réajustement profond et durable. Je ne sais pas si je peux parler au nom de tous ceux ayant traversé une dépression mais, aujourd'hui avec le recul, je remercie mes deux dépressions. Elles m'ont certes mise à plat, torturée, m'ont plongée dans la plus profonde obscurité mais j'en suis revenue lumineuse, pleine de foi et le coeur vibrant. Alors oui, évidemment, j'ai dû trimer fort, suivre une thérapie, poser des actes concrets pour me créer une vie qui me corresponde davantage. Si j'étais restée dans mon vieux "moi", nul doute que rien n'aurait avancé dans ma vie et dans ma vision du monde et je serais toujours la victime de ma dépression alors qu'en vérité elle m'a sauvé la vie.

Si tu vis cette épreuve tu as aussi les moyens d'en comprendre le sens, la surmonter et te remettre en chemin.